Ces derniers mois, une centaine de militant.e.s de la gauche abertzale du Pays Basque Nord ont mené une réflexion sur l'avenir du nouveau cycle politique. Durant les années passées, de profonds changements étant intervenus en Labourd, Basse-Navarre et Soule, il nous semblait, en tant que mouvement politique, important de dresser le bilan du passé, de mener une réflexion sur la situation actuelle et de réfléchir sur les perspectives d'avenir.
En définitive, étant une communauté construite et développée sur l'ensemble du Pays Basque, et en tant que partie active du mouvement abertzale au Pays Basque nord, nous avons voulu définir collectivement notre contribution politique aux nouvelles étapes à venir. Depuis l'assemblée générale de mai dernier, et ce, jusqu'au congrès national de janvier 2022 de Sortu, nous allons gérer les conséquences de notre réflexion.
Faire le bilan des dernières décennies revêt un caractère spécial dans le contexte politique et social actuel. Grâce aux luttes menées, nous sommes rentrés dans une nouvelle phase politique. En Pays Basque nord, notre vision d' Euskal Herria en tant que nation a connu des avancées significatives, et nous pensons, que dans le futur, de nouvelles possibilités s’ouvriront dans la lutte de libération nationale et sociale. Par contre, au fur et à mesure où nous créions de nouvelles situations, il devenait évident que certaines de nos stratégies et façon de faire arrivaient à leur terme ; c'est pour cela, que nous pensons qu'il était devenu incontournable d'analyser la situation dans laquelle nous nous trouvons, et de tirer les leçons du passé.
Si nous remontons le fil du passé sur 3 décennies, nous nous apercevons que l'histoire du mouvement abertzale est émaillée de moments de scission et d'effort d'unité. En Pays Basque nord, au fur et à mesure que nous avons donné corps à notre projet politique propre, la gauche abertzale est devenue un acteur socio – politique de premier plan. Nous ne pouvons pas nier que nous n'avons pas fait d'erreur, et surtout durant une grande partie des années 2000. Mais, il faut cependant, reconnaître à la gauche abertzale tous les efforts qu'elle a fourni afin d'unifier les différents secteurs du mouvement politique dont elle fait partie, au travers, notamment, de ces apports politiques, militants et économiques. Finalement, à la fin de la décennie que nous citions précédemment, nous avons réussi à mettre en place EH BAI, devenue la référence politique et institutionnelle principale et unique pour les abertzale de gauche.
De notre point de vue, l'origine des changements qui sont survenus en Pays Basque nord se trouve dans les dynamiques sociales et dans les mobilisations qui ont été mises en place et portées par le mouvement abertzale. Les graines que nous avons semées se sont enracinées dans de nombreuses revendications et projets développés en Pays Basque nord, prenant aussi place dans l'agenda des autres acteurs socio – politique du territoire. Le mouvement abertzale est devenu une référence politique de premier plan en Pays Basque nord. Lors de notre réflexion, nous reconnaissons à différents secteurs leurs apports politiques à la lutte. Nous pouvons être en désaccord sur la lecture du passé, mais nous pensons qu'il est temps de mettre en avant nos réussites politiques. Ceci n'est la propriété de personne, c'est notre patrimoine commun, c'est le résultat obtenu grâce, notamment, aux efforts et au travail de tou.te.s les militant.e.s abertzale et de sa base sociale.
Il y a maintenant plus de 10 ans, que la gauche abertzale a acté un changement dans sa stratégie politique, qui va bien au-delà de la simple fin de la lutte armée menée par l'organisation ETA, même s'il était extrêmement important de fermer ce cycle politique de notre histoire de manière ordonnée. Malgré le blocage et les obstacles que les états français et espagnol avaient dressé, nous avons réussi. Et ce n'était pas facile. Durant tout ce processus, la gauche abertzale, dont faisait partie ETA, a fait de considérables efforts afin d'ouvrir une nouvelle phase dans le processus de souveraineté et créer de nouvelles conditions. Mais, nous voulons ici, également souligner l'implication des militant.e.s qui nous ont accompagné sur ce chemin, ainsi que celles des autres secteurs et acteurs socio – politiques. C'est un chemin que nous avons construit ensemble, et tel était notre objectif : œuvrer ensemble pour la construction du Pays Basque.
Une scène sans ETA est, sans nul doute, une situation nouvelle pour le mouvement abertzale. Cela ne fait que 3 ans que l'organisation s'est dissoute, mais cela a, évidemment, ouvert de nombreuses portes, sur ce chemin que nous devons construire ensemble. Ces dernières années, des avancées significatives ont eu lieu, aussi bien dans le processus de la résolution des conséquences du conflit, que sur le plan institutionnel. Ces mouvements qui ouvrent de nouvelles perspectives sur le chemin de la souveraineté sont le fruit de luttes et d'efforts importants. Même si nous devons en faire davantage, nous avons réussi et aujourd'hui, nous pouvons dire que le Pays Basque nord se trouve en phase d'auto-construction.
Dans les années à venir, nous devons prendre en main notre destin et les occasions qui s'offrent à nous, afin d'influer encore plus fortement sur le processus de souveraineté d’Euskal Herria. Nous devons rassembler nos forces. La gauche abertzale est en train de s'adapter à la nouvelle situation afin d'avancer de manière la plus efficace et efficiente possible.